Cet orfèvre du XIXe siècle possédait une réputation irréprochable et comptait parmi sa clientèle quelques-unes des personnalités les plus distinguées de son temps.


Suivre leurs traces

Eugène Fontenay est issu d'une longue lignée de joailliers. Né à Paris le 19 mai 1924, il est la troisième génération à reprendre les outils du métier. Dès son enfance, il apparaît qu'Eugène possède un réel talent de dessinateur.

Une fois ses études terminées, Eugène fait appel à ses parents pour l'aider à entrer dans la bijouterie. Il fut convenu qu'il compléterait son apprentissage chez deux joailliers de renom : Edouard Marchand. Un homme célèbre pour avoir inventé de nouvelles formes de bijoux, dont les bracelets élastiques ou à ressort, et Dutreih, qui a redécouvert l'effet étonnant des émaux sur l'or pur, une technique très utilisée au XVIe siècle. Plus tard, Fontenay félicitera Dutreih pour le travail qu'il a fait, le qualifiant d'"exquis, délicat et original".


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En 1848, à l'âge de 24 ans, Fontenay décide de se lancer à son compte et installe son atelier au 2 rue Favart dans le 2e arrondissement de Paris, au nord du Palais Royal.

L'une des premières pièces remarquables conçues par Fontenay était un éventail qu'il a créé pour la reine du Portugal. Travaillant avec Leffournier, un émailleur qualifié, l'éventail a été achevé en 1852.

Il n'aura fallu que quelques années pour que la réputation de Fontenay s'installe. Il fournit bientôt ses pièces à de nombreux joailliers célèbres, parmi lesquels Louis François Cartier, impressionné par Fontenay et ses bijoux, inspirés principalement de l'Antiquité, basés sur les styles originaux romains, grecs et étrusques.

En 1858, Fontenay a conçu un diadème formel de style cercle pour l'impératrice Eugénie. Il comportait de grandes formes de fleurs stylisées décorées d'émeraudes qui pouvaient être remplacées par des perles en forme de goutte.


Nouvelle inspiration

Fontenay est très impressionné par une exposition au Louvre en 1861. Elle contient des pièces de la collection Campana, acquise par Napoléon III pour la nation française. La collection, baptisée Italian Archaeological Jewelry, a inspiré Fontenay à augmenter sa production de bijoux sur le thème de l'Antiquité. Au cours des deux décennies qui ont suivi, il a créé un grand nombre de colliers, bracelets, broches, médaillons, boucles d'oreilles et demi-parures qui incorporaient des thèmes de style archéologique de diverses manières. La préférence de Fontenay allait à une finition or mat. Ses matériaux de choix comprenaient des perles, du corail rose pâle, du lapis et des émaux pastel.

Alors que de nombreux contemporains de Fontenay créaient également des bijoux inspirés de l'Antiquité, on a dit que Fontenay avait une interprétation unique du style étrusque. Son approche était plus élégante, peut-être moins fidèle aux techniques anciennes mais certainement plus portable. Il était un maître de la granulation et du fil de fer, et son sens de la forme affichait un haut niveau de compétence.


Clientèle célèbre

Fontenay a bénéficié du mécénat du monde entier. Les années 1860 furent une période particulièrement fructueuse lorsqu'il créa de somptueux bijoux et objets d'art pour des personnalités distinguées telles que des rois, des shahs et des vice-rois. Des boîtes, des pipes, des sabres, de la vaisselle et des horloges ont été produits. Le roi de Siam a commandé un ensemble complet de harnachement de cheval, dont chaque article était décoré de grosses pierres précieuses. Il a remonté des objets de famille pour le Shah de Perse. Et le vice-roi d'Égypte était ravi des pièces extravagantes produites par Fontenay, qui comprenaient un service de table en or orné d'émail et inondé de milliers de diamants, de rubis, d'émeraudes et de perles. Ce fut l'une des commandes les plus étonnantes que Fontenay devait recevoir.


Plus qu'un bijoutier

En plus de gérer son entreprise de bijoux prospère, Fontenay a trouvé le temps de rejoindre un groupe de collègues bijoutiers en fondant la Chambre Syndicale de la Bijouterie-Joaillerie-Orfèvrerie, une commission de régulation des bijoutiers et des orfèvres. Parmi les autres fondateurs figuraient Frédéric Boucheron et Antoine Mellerio.

Fontenay avait un profond intérêt pour le côté académique du commerce de la joaillerie et souhaitait créer un réseau de soutien pour les artisans en devenir, y compris une école où tous les aspects du métier pourraient être enseignés aux futurs étudiants.

Le joaillier de renom était également un auteur, partageant ses vastes connaissances dans des articles publiés dans des revues et des magazines réputés tels que la Revue des Arts Décoratifs.


Retraite

En 1882, Fontenay cède les rênes de son atelier à Henri Smets, qui est son contremaître. Smets rebaptise l'entreprise Fontenay Smets Successeur. Pendant les dernières années de sa vie, Fontenay a continué à écrire des articles et à travailler sur son livre, Les Bijous Anciens chez Modernes , qui a été publié à titre posthume. Le grand joaillier est décédé en 1887 à l'âge de 63 ans.


Héritage

Collectionneurs et connaisseurs ne cessent de réclamer les bijoux créés par Fontenay. Ses pièces ont été identifiées par des entreprises telles que Boucheron et Tiffany & Co., et se trouvent dans les musées du monde entier.


Expositions et distinctions

  • En 1855, Fontenay a participé à l'Exposition Universelle de Paris, exposant un diadème de diamants à couper le souffle sous une forme naturaliste. Il a été conçu comme une branche avec des ronces sauvages, couverte de fleurs et de fruits
  • À l'exposition de Paris de 1867, Fontenay reçoit une médaille d'or pour ses captivants bijoux archéologiques
  • Fontenay a reçu la Légion d'Honneur en 1873. Il a été reconnu pour le rapport incisif qu'il a produit pour le travail des orfèvres et des orfèvres présentés à l'Exposition internationale de Vienne.