Maître à la fois de l'Art Nouveau et de l'Art Déco, Georges Fouquet a brillamment fait entrer la Maison de son père dans le XXe siècle, imprégné d'une passion pour la nouveauté.


Tel père tel fils

En 1860, Alphonse Fouquet installe son entreprise dans une boutique à Paris, mettant en valeur des bijoux de haute qualité qui correspondent aux modes de l'époque. Il a été un succès, exportant ses pièces dans d'autres pays. Son avenir a été scellé avec les créations qu'il a présentées à l'Exposition Universelle de 1878.

Deux ans plus tard, Georges, 18 ans, rejoint la Maison, apprenant le métier et le métier auprès de son père. Le mouvement Art nouveau gagne en popularité à cette époque, et Georges est à l'avant-garde, profondément influencé par son esthétique.


Collaboration avec Mucha

La première collection de Georges, présentée en 1898, comportait des orchidées et des papillons ornés de bijoux et embrassant le style Art Nouveau. Généralement serties d'or, ses pièces étaient ornées d'émail et décorées d'opales, de corne, de perles et, parfois, de diamants. Georges, en accord avec les motifs Art nouveau, a utilisé des lignes courbes, des émaux aux couleurs sourdes et des textures subtiles.

Il a vraiment pris son envol au moment où l'Exposition Universelle de 1900 est arrivée, et son affichage était à couper le souffle, son succès enrichi par sa collaboration désormais légendaire avec l'artiste Alphonse Mucha. De nombreuses pièces de l'exposition, y compris la vitrine dans laquelle elles se trouvaient, reflétaient les talents de Mucha. Les bijoux imaginés par Mucha, bien que loués pour leur originalité, étaient souvent impossibles à porter en raison de leur taille et de leur poids.

Sarah Bernhardt a présenté la paire en demandant à Fouquet de lui créer un bracelet d'après un dessin de Mucha, c'est comme ça ! Le joaillier et l'artiste ont collaboré à une variété de bijoux Art nouveau. Leur partenariat a prospéré pendant trois ans.


Une nouvelle ère

En 1910, l'Art nouveau est en voie de disparition. Les modes changeaient, les colliers s'allongeaient et les boucles d'oreilles et les bandeaux devenaient à la mode. En 1912, Fouquet crée des parures de cheveux scintillantes de diamants et rehaussées de plumes. Une décennie plus tard, la tendance aux coupes de cheveux au carré nécessiterait de passer aux bandeaux ornés de bijoux, qui étaient portés directement sur le front.

Avec l'arrivée du mouvement Art Déco dans les années 1920, Georges, toujours à l'avant-garde, donne à ses bijoux une allure plus audacieuse et plus géométrique. L'onyx noir et les diamants étaient un couple favori, et ses influences venaient d'endroits aussi éloignés que l'Afrique et l'Extrême-Orient.

Georges Fouquet était président du groupe de joaillerie à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de 1925. Pour préparer l'événement, Fouquet encourage ses contemporains à adopter une approche nouvelle et à ne montrer «que des pièces d'une véritable originalité, puisant à de nouvelles sources d'inspiration». Beaucoup pensaient qu'il fallait changer de style pour laisser derrière eux la fanfaronnade et la prétention des motifs traditionnels adoptés par la royauté.

Le fils de Georges, Jean, son successeur dans l'entreprise familiale, expose à l'Exposition ses propres pièces uniques, aux côtés de celles de son père et chef de file de la Maison, Louis Fertey. Des pièces conçues par d'autres artistes étaient exposées, comme l'affichiste Adolphe Mouron (dit Cassandre).

Jean Fouquet est devenu un innovateur du style Art Moderne, perpétuant la tradition de son père de garder une longueur d'avance sur les tendances émergentes.

La Maison ferma ses portes en 1936, suite aux conditions économiques dévastatrices créées par le krach boursier de 1929. L'un des derniers actes de Fouquet fut de commander des dessins au sculpteur Lambert-Rucki.

Georges est décédé en 1957.


Expositions

Alphonse Mucha a conçu une nouvelle boutique pour la Maison Fouquet au tournant du siècle, située au 6 rue Royale à Paris. La boutique fait sensation à l'époque, l'élevant à un niveau d'art qui complète à merveille les bijoux de création de Georges Fouquet. Une reconstitution de l'intérieur de la boutique est exposée au Musée Carnavalet à Paris.

Parmi les autres musées qui abritent des œuvres de Georges Fouquet, citons le Metropolitan Museum of Art de New York, le Victoria and Albert Museum de Londres et le Petit Palais de Paris.


Clientèle notable

Georges Fouquet a produit des bijoux pour plusieurs actrices françaises, notamment pour Sarah Bernhardt. Fouquet et Mucha ont créé un bracelet serpent pour Bernhardt qu'elle a porté pour le tournage de l'affiche de Médéé.


Georges comme auteur

Fouquet a écrit plusieurs articles et livres sur la joaillerie moderne, dont sa publication, La Bijouterie, la Joaillerie, la Bijouterie Fantaisie au XXc Siécle, qui a produit cette citation :

Les bijoux les plus susceptibles de perdurer ne sont pas les étalages ostentatoires, mais ceux où le métal est associé à des matières premières d'une valeur financière inférieure à leur beauté, comme l'aigue-marine, l'améthyste, la topaze ou la tourmaline. L'art, qui ne vieillit jamais, prolongera la carrière de ces bijoux. Cela leur donnera leur vrai caractère. Ils ne seront jamais démontés afin que les matériaux puissent être utilisés sous une autre forme. Ce sont avant tout des œuvres d'art plutôt que des investissements financiers. –Georges Fouquet