Joaillier prestigieux avec une histoire qui s'étend sur 161 ans, la Maison Vever est surtout connue pour ses œuvres créées pendant la période Art nouveau.


Pierre

Le fondateur Pierre Vever, patriarche de la Maison, ouvre sa bijouterie à Metz, en France, en 1821. Les affaires vont bien et Vever compte parmi sa clientèle certaines des meilleures familles de la région. La nouvelle se répandit également dans les provinces du Luxembourg et du Rhin, et bientôt la réputation du joaillier fut scellée. Le prestige de Vever a également attiré de nombreux ouvriers talentueux, qui y ont fait leur apprentissage et sont devenus des maîtres artisans.


Une nouvelle génération

En 1848, le fils de Pierre, Ernest, reprend l'entreprise, ayant établi sa propre réputation de joaillier de talent. La guerre franco-prussienne met fin au magasin de Metz, la famille s'enfuit à Paris et, en 1871, ouvre boutique rue de la Paix. Ils s'y sont rapidement installés, produisant de beaux bijoux, principalement dans le style néo-ancien. En 1874, Ernest met en apprentissage ses fils, Paul et Henri, les préparant à reprendre l'entreprise. L'accent de Paul était sur la construction de l'entreprise. Il est rapidement devenu évident qu'Henri avait un talent particulier pour le design, et il a poursuivi ses études à l'Ecole des Arts Décoratifs et à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts, où il a étudié le dessin, le modelage et la conception ornementale.

Au moment où Ernest a pris sa retraite en 1889, ses fils travaillaient déjà à la croissance de l'entreprise. En 1889, ils avaient exposé leurs bijoux à l'Exposition internationale de Paris, remportant le Grand Prix des bijoux sertis. De 1891 à 1897, ils ont été des exposants réguliers lors de salons dans d'autres villes, dont Moscou, Chicago et Bruxelles. Leur exposition a remporté un autre grand prix à l'Exposition internationale de Paris de 1900, cette fois pour leurs bijoux Art nouveau.

Parmi les clients prestigieux figuraient le Shah de Perse et Alexandre III, ainsi que de riches industriels américains de l'âge d'or. Henri a conçu des boucles d'oreilles chandelier pour l'impératrice Eugénie.

Le tournant du siècle a apporté plus de changements pour la Maison Vever, avec leur déménagement dans un emplacement spécialement construit au n ° 14 rue de Paix. Le déménagement leur a permis de créer et de vendre leurs bijoux dans le même bâtiment.

Une partie du succès de Vever peut être attribuée aux impressionnants artisans du personnel, en particulier pendant la période Art nouveau. Le célèbre designer Eugéne Grasset a été décrit comme possédant des qualités imaginatives et rêveuses. Parmi les autres artisans figuraient l'émailleur Etienne Tourrette, le dessinateur Henri Vollet, le modeleur et ciseleur Lucien Gautrait et le sculpteur René Rozet.

Paul Vever décède en 1915, et en 1921, Henri cède l'entreprise aux fils de Paul, André et Pierre. Henri s'est ensuite concentré sur son impressionnante collection d'art et sur la rédaction de plusieurs livres. Il mourut en 1942, laissant derrière lui une œuvre impressionnante.

L'entreprise a continué à prospérer pendant encore 40 ans, pour finalement fermer ses portes en 1982.


Henri Vever

Henri est crédité de la profusion de bijoux Art nouveau qui ont émergé de la Maison Vever. Henri était un artisan qui maîtrisait l'art de l'émaillage, employant l'ivoire, la corne et les opales dans ses créations. Fervent adepte du mouvement Art nouveau, il n'en reste pas moins conventionnel dans sa démarche et soucieux de la portabilité de ses créations. Il laissera les créations les plus extravagantes à René Lalique, qui a débuté sa carrière dans l'entreprise avant de se lancer à son compte.

En plus de mettre ses talents au service de la création de bijoux, Henri était également un collectionneur prolifique, non seulement de bijoux mais d'œuvres impressionnistes, d'estampes japonaises de la période Edo, de livres rares et de miniatures persanes et moghols. Une grande partie de sa collection a trouvé sa place dans de grands musées en France, au Japon et aux États-Unis.


Henri comme auteur

Atrocement recherchée et écrite, La Bijouterie Française au XIXe Siécle était un ensemble en trois volumes écrit par Henri Vever qui reste une référence précieuse sur l'histoire de la joaillerie de l'Empire à l'Art nouveau. Son récit de la période est inestimable, car il comprend non seulement l'histoire mais aussi les anecdotes personnelles d'Henri qui aident à donner vie aux événements et aux personnes qui ont façonné l'époque.

Henri est également l'auteur de nombreux ouvrages sous le pseudonyme de Maud Ernstyl.


Créations Art Nouveau

Avec des lignes courbes, des motifs inspirés de la nature et de l'émail, Vever utilisait des pierres précieuses et des diamants colorés, mais préférait généralement les pierres précieuses plus petites, en se concentrant sur le design. Les thèmes étaient notamment les femmes, la flore, la faune et les créatures mythiques. Le métal de choix était l'or.


Sylvie (1900)

L'une des pièces les plus mémorables de l'époque était "Sylvia", une figure féminine ailée, une paire de rubis en forme de larme sur la poitrine, avec des antennes en agate sculptée, une robe en or et des ailes en émail à couper le souffle décorées de diamants étincelants. "Sylvia" a été exposée à l'Exposition Universelle de 1900 à Paris, et réside maintenant au Musée des Arts Décoratifs à Paris.


Pendentif Parfum (1900)

La figure d'une femme tient une fleur sur son visage. Des gouttes d'opales serties de chatons pendent de tourbillons d'or ciselé, avec une seule perle en forme de larme suspendue sous le pendentif.


Boucle de Ceinture Abeilles (1907)

Des bourdons surmontent la boucle, fabriquée en or ciselé, avec des fleurs en émail rose parsemées de diamants étincelants.